L’image désolante de la femme pieuse, bafouée et trompée a traversé les siècles, pour ne pas dire les millénaires. Plus l’homme enchaînait les conquêtes, plus son orgueil grandissait, et le respect de sa puissance n’en était que plus important. L’épouse n’avait qu’à fermer les yeux, élever les enfants ; en clair, subir en silence. Mais si par hasard, et il y en avait, c’est évident, des épouses s’octroyaient le droit de connaitre l’idylle extraconjugale, que leur secret se dévoilait aux yeux de la société, quel malheureux destin que celui de l’époux trompé! La fierté masculine ne pouvait pas accepter l’infidélité, c’eut été manquer de contrôle, et de ce fait être en plein déshonneur.
Aujourd’hui, les choses ont évolué ; grâce aux mouvements féministes et notamment à l’indépendance financière des épouses, celles-ci ont pris conscience de leur désir, de leur envie et de leur image de femme. Un ras-le-bol des responsabilités maternelles s’opère fréquemment, et l’épouse a besoin de se redécouvrir en tant que femme.
Néanmoins, les traces du passé sont encore gravées dans les esprits ; il n’est pas rare, voire il est habituel de croiser un homme aux bras d’une charmante jeune femme, pendant que Madame fait le repassage, et de trouver cela presque banal. Inversez la situation ; prenez Madame aux bras d’un autre que Monsieur, comment la traiteriez-vous ? Aussi bien que les dames arpentant le trottoir.
Si le seuil de tolérance de l’infidélité masculine est plus élevé, c’est aussi à cause de l’idée selon laquelle le sérieux de la femme serait supérieur : la société garde encore l’image de la mère protectrice, aimante et dévouée envers ses enfants, et qui semble incompatible avec l’envie et le désir d’aller voir ailleurs, d’abandonner la confiance pour sombrer dans la déchéance. En effet, bien des femmes ne s’autorisent pas à être infidèles afin de protéger leurs enfants, car ce serait donner une mauvaise représentation du mariage et de la famille, en somme, leur donner un mauvais exemple.
La société a toujours eu tendance à épargner les hommes, et à rabaisser les femmes. Les temps sont en train de changer, mais l’évolution est lente. Il demeure dans les cœurs une plus naturelle tendance à tromper chez l’homme, que chez la femme. Il demeure surtout une pensée déroutante, celle de penser que la masculinité en a un droit plus légitime et plus toléré.